Une étude menée dans 17 établissements de santé publique a révélé un constat alarmant : 13 % des produits de laboratoire finissent à la poubelle et les ruptures de stock durent, en moyenne, près de deux mois.
Dans un laboratoire, chaque tube, chaque réactif, chaque étalon chimique compte. Une gestion défaillante des stocks, et c’est toute la chaîne qui s’enraye : expériences interrompues, résultats biaisés, budgets qui fondent. À la clé : des pertes qui peuvent atteindre des dizaines de milliers d’euros et des risques accrus pour la sécurité du personnel.
La bonne gestion des stocks est donc une compétence vitale, garante de la productivité, de la maîtrise des coûts et du respect des normes.
Voici cinq stratégies concrètes, appuyées par des données récentes, pour vous aider à éviter ruptures, pertes et non-conformités, peu importe votre secteur ou votre type de laboratoire.
1. Établir une base de référence complète et catégoriser intelligemment
Avant de parler d’optimisation, il faut savoir exactement ce que l’on a sous la main. Commencez par un inventaire exhaustif : réactifs, produits chimiques, consommables, équipements… rien ne doit passer entre les mailles du filet.
Pour chaque article, notez les numéros de lot, les dates de péremption, les quantités disponibles et les conditions de stockage.
Une fois cette photographie complète réalisée, passez au classement. Organisez vos stocks de façon logique :
- Par classe de danger pour les produits chimiques (inflammables, oxydants, corrosifs…)
- Par usage pour les réactifs et consommables
- Par contraintes de stockage pour isoler les substances incompatibles et garantir la bonne conservation des articles sensibles à la température.
Ce tri méthodique fait gagner un temps précieux, réduit les risques de manipulations dangereuses et évite les commandes en double. Vous repérez vite les articles rarement utilisés et les stocks dormants, ce qui freine le gaspillage.
Il y a aussi un aspect psychologique : en supprimant l’incertitude, vous contournez l’aversion à l’ambiguïté. Quand tout est clair et bien catégorisé, l’équipe se sent en contrôle et résiste mieux aux commandes impulsives « au cas où ». De plus, une base de référence devient un point d’ancrage : si un réactif ne sert que trois mois, personne ne réclamera un stock suffisant pour un an sans raison valable.
2. Étiquetez, surveillez et définissez des seuils pour suivre ce qui compte
Une fois la base de référence établie, les laboratoires doivent étiqueter et suivre chaque Une fois votre inventaire de référence établi, chaque article doit être identifiable au premier coup d’œil. Collez des étiquettes claires indiquant la date de réception, la date de péremption et les conditions de stockage. Étiquetez aussi les étagères, tiroirs et supports pour accélérer la recherche et éviter les manipulations hasardeuses.
Regroupez les articles ayant des points communs : toute la verrerie ensemble, les produits chimiques d’un même niveau de danger au même endroit… Résultat : moins de temps perdu et plus de sécurité.
Vient ensuite la surveillance. En suivant la fréquence d’utilisation de chaque article, vous pouvez fixer des niveaux minimum et maximum de stock. Cela permet de :
- Prévenir les commandes excessives
- Identifier les produits critiques nécessitant un stock tampon
- Prévoir des fournisseurs de secours pour les urgences
Un suivi régulier permet aussi de repérer les anomalies : une consommation inhabituelle peut révéler une contamination ou un problème de procédure. Assurez-vous également de respecter la règle PEPS (Premier Entré, Premier Sorti) pour utiliser en priorité les articles les plus anciens et éviter les pertes.
Et pour contrer le biais du statu quo – cette tendance à continuer des pratiques imparfaites juste parce qu’elles sont familières – intégrez la surveillance dans votre routine. Planifiez des audits d’inventaire réguliers et complétez-les par des contrôles ponctuels des dates de péremption. Cette boucle de contrôle continue maintient l’engagement de l’équipe et empêche la complaisance de s’installer.
3. Adopter des outils numériques pour éliminer les erreurs humaines et rester conforme
Le suivi manuel via des dossiers papier ou des tableurs peut sembler économique… en apparence. En réalité, il cache un coût énorme : dans les laboratoires cliniques, le taux d’erreur de saisie manuelle peut grimper jusqu’à 26,9 %. Résultat : stocks mal comptés, réactifs gaspillés et commandes inutiles.
Sans compter le temps perdu : vérifier les armoires, corriger les doublons, mettre à jour les fichiers… des heures de travail englouties chaque semaine, et parfois des milliers d’euros de fournitures périmées.
Les systèmes d’inventaire numériques – qu’il s’agisse de logiciels dédiés, de carnets de laboratoire électroniques (ELN) ou de LIMS intégrés permettent de :
- Suivre les niveaux de stock en temps réel
- Assigner des codes-barres ou QR code
- Émettre des alertes en cas de rupture ou de péremption proche
- Garder une piste d’audit complète pour chaque article, atout précieux lors d’audits ou d’inspections
Certains systèmes, connectés aux fournisseurs, peuvent même déclencher des commandes automatiques selon vos habitudes de consommation. Beaucoup intègrent aussi des modules qualité assurant la conformité aux directives et autres exigences FDA, ainsi qu’aux réglementations européennes, notamment celles du Luxembourg sur la sécurité chimique et l’intégrité des données.
Pour les laboratoires au budget serré, il est possible de commencer avec des feuilles de calcul améliorées : validation des données, codification par codes-barres, accès partagé… Mais attention : elles restent limitées. Pas de piste d’audit, sécurité réduite, problèmes de versions. L’idéal est de les voir comme un tremplin vers un LIMS dès que les ressources le permettent.
4. Participer à notre webinaire pour perfectionner votre équipe et garder une longueur d’avance
La gestion des stocks n’est pas une tâche à cocher une fois pour toutes : c’est un processus vivant, qui évolue au rythme des réglementations, des innovations numériques et des pratiques scientifiques.
Pour que votre équipe reste performante, la formation continue est indispensable.
Notre webinaire dédié à la gestion des stocks en laboratoire est l’occasion parfaite :
Les 5 piliers clés pour une gestion de stock efficace et sécurisée en laboratoire
📅 Le 18 septembre 2025 à 10h00, reprenez le contrôle avec une gestion de stock claire, fiable et taillée pour le multi-sites — même avec des ressources limitées :
✅ Anticipez les ruptures sans tomber dans le piège du surstock
✅ Tracez, suivez et pilotez vos mouvements de stock avec fluidité
✅ Organisez durablement vos échantillons et votre échantillothèque
✅ Supervisez l’ensemble de vos stocks via une vision claire, centralisée et en temps réel
Le tout, illustré dans un logiciel LIMS, avec des cas concrets et des bonnes pratiques issues du terrain.

5. Institutionnaliser les routines : SOP, audits réguliers et planification d’urgence
Commencez par formaliser vos procédures opérationnelles normalisées (PON). De la réception à l’étiquetage, du stockage à l’élimination, chaque étape doit être décrite. Ces SOP réduisent les erreurs, accélèrent l’intégration des nouveaux et assurent la continuité en cas d’absence, surtout si plusieurs personnes sont formées. Vous bénéficiez ainsi de l’intelligence collective, qui limite l’impact des erreurs individuelles.
Planifiez ensuite des audits réguliers. Ils permettent de comparer stocks réels et données enregistrées, d’identifier les produits périmés, mal classés ou oubliés, et de détecter les variations de consommation. C’est aussi l’occasion de vérifier l’étalonnage et la maintenance des équipements, un point souvent négligé mais crucial pour la fiabilité des inventaires.
Préparez-vous également aux imprévus. Les chaînes d’approvisionnement sont fragiles et la pénurie peut frapper vite. Conservez une petite réserve d’articles critiques, entretenez des relations avec plusieurs fournisseurs et fixez des seuils de réapprovisionnement avec alertes automatiques pour les articles sensibles.
Enfin, adoptez une politique FIFO (Premier Entré, Premier Sorti) ou FEFO (Premier Expiré, Premier Sorti). Combinées à des alertes sur les dates de péremption et à des rotations régulières, ces méthodes réduisent le gaspillage. Elles exploitent aussi un biais psychologique bien connu : celui des coûts irrécupérables – voir un produit payé approcher de sa date limite incite à l’utiliser plutôt qu’à le laisser se perdre.
