AQ Manager Retour au blog

Comment rédiger un cahier des charges pour un laboratoire d’analyses ?

Créé le 05 novembre 2025 Dernière mise à jour le 10 novembre 2025
Comment rédiger un cahier des charges pour un laboratoire d’analyses ?
13:41

le 16 Juin de 14h à 15h

Résumé de l'article

Le cahier des charges est un document clé pour la modernisation des laboratoires, notamment lors de l'implémentation d'un système LIMS. Il définit les objectifs, le périmètre du projet et les fonctionnalités attendues. Bien qu'il ne soit pas légalement requis, il est essentiel pour une gouvernance efficace et pour choisir des solutions adaptées. L'article propose un guide en dix étapes pour rédiger un cahier des charges exhaustif.

Technicienne de labo qui rédige un cahier des charges de laboratoire

Aucune initiative à l’origine d’une modernisation en laboratoire, qu'il s'agisse de l'implémentation d'un système d’information de gestion de laboratoire (LIMS), de l'amélioration de la traçabilité ou d'une refonte des processus, ne peut être lancé sans CE document fondamental : le cahier des charges. À ne pas confondre avec un cahier numérique de laboratoire (CEL ou ELN), solution logicielle de centralisation des données expérimentales, le cahier des charges, lui, incarne vos besoins et fédère toutes les parties prenantes du projet autour d'un objectif commun.

Cet article vous offre un guide complet pour élaborer un cahier des charges exhaustif et immédiatement opérationnel, que ce soit pour déployer un logiciel LIMS, à réutiliser sans limite pour mener à bien tout autre projet de modernisation crucial pour votre laboratoire.

Cahier des charges en laboratoire : définition, rôle et contenu essentiel

Un cahier des charges est le point de départ pour réussir la digitalisation de votre laboratoire.

Ce document définit les objectifs du projet d'implémentation de votre futur logiciel de laboratoire LIMS, le périmètre concerné (nombre de sites, taille des services qui utiliseront l'application, taille de l'entreprise, etc.), ainsi que les outils déjà utilisés, qu’il s’agisse d’Excel, d’un ERP ou d’autres solutions internes.

 

Que contient un cahier des charges de laboratoire ?

Il recense également les fonctionnalités attendues et permet de les hiérarchiser par ordre de priorité, rendant ainsi la démarche plus lisible pour l’éditeur du logiciel.
On y précise aussi les contraintes techniques à respecter et les besoins d’intégration avec le système d’information existant.

 

Pourquoi ce document est-il indispensable ?

S’il n’est pas obligatoire, le cahier des charges reste un socle indispensable : c’est lui qui vous permet de mener à bien la gouvernance, de prendre les bonnes décisions, de comparer les solutions de manière objective et de choisir l’outil le plus adapté aux besoins réels de votre laboratoire.

Mais il a également un impact sur l'ensemble de l'entreprise : l'adoption d'une solution LIMS implique l'informatisation de toutes les activités et sa mise en œuvre de sera sans aucun doute l'occasion d'examiner l'organisation globale, et pourquoi pas d’optimiser les ressources humaines et matérielles, d'améliorer les processus et ainsi gagner en réactivité et en productivité.

Découvrez les 8 étapes clés pour une implémentation réussie du LIMS dans le replay de notre webinaire.
Visionnez le webinaire gratuitement

Comment rédiger un cahier des charges en laboratoire : les 10 étapes clés

Le cahier des charges traduit vos besoins en lignes directrices concrètes pour l'ensemble des acteurs impliqués dans le projet.

Les 10 étapes ci-dessous vous permettront d'organiser vos attentes et de les convertir en une feuille de route claire, partagée et exploitable par vos futurs prestataires.

  • 1

    Définissez le contexte et les objectifs du projet de laboratoire

    Avant toute chose, décrivez les grandes lignes et les objectifs du projet.

    Pourquoi mettre en place un LIMS ? Est-ce un besoin en vue d'une certification ISO, de gestion des ressources (humaines et matérielle), un besoin de traçabilité, une demande d'un client ?
     
    Posez-vous d'autres questions spécifiques telles que :
    • Quels problèmes rencontrons-nous actuellement (ex : double saisie des données, pas de suivi des échantillons, rapports erronés, non-conformités répétées ) ?
    • Quelles sont les contraintes qui nous freinent au quotidien ? (volumes d’analyses, coordination multi-sites et multilingue, normes à respecter, manque d'effectifs, etc.)
    • Quels avantages espérons-nous à court et long terme ? (gain de temps, fiabilité des résultats, préparation des audits, satisfaction client, coordination entre services)

    Sans cela, il sera difficile pour un développeur de logiciel de bien comprendre vos enjeux.

    Par exemple : "Le laboratoire veut remplacer un suivi fait avec Excel qui prend trop de temps et qui contient des erreurs.
    L'objectif est de rassembler les résultats, de rendre les rapports d'analyses automatiques et d'améliorer le suivi pour mieux gérer les audits ISO 17025."

  • 2

    Délimitez le périmètre du projet d’implémentation de la solution LIMS

    Le périmètre, c'est la délimitation précise de ce que le projet va englober. C’est ici qu’on trace les frontières, qu’on pose les limites. Cela parait évident d’un premier abord mais c’est l’une des premières causes de malentendus avec les prestataires. Un cadrage flou, et vous risquez de recevoir une offre à côté de la plaque.

    Exemples à inclure dans le périmètre :

    Exemples à exclure dans le périmètre :

    Cela vous donne une feuille de route pour faire les meilleurs choix, et pouvoir dire "non" aux écarts

  • 3

    Identifiez les acteurs clés du projet et leurs responsabilités

    L’implémentation d’un logiciel LIMS implique incontestablement plusieurs services. Et chacun a une vision différente du projet : le responsable qualité pense conformité et traçabilité, le responsable technique cherche l’efficacité opérationnelle, le responsable informatique veille à l'importation des données et à l’intégration. Et le fournisseur doit concilier le tout dans une solution cohérente.

    Mettez noir sur blanc qui fait quoi dans un tableau.

    Exemples de Key users  Responsabilités principales
    Direction / Chef de projet Définir les objectifs globaux, valider le budget, suivre l’avancement et arbitrer les décisions clés
    Responsable qualité Garantir la conformité ISO 17025 / BPL, valider les processus et assurer la traçabilité documentaire
    Informaticien / Responsable IT Assurer la sécurité des données, la compatibilité avec les systèmes existants (ERP, instruments, serveurs), et le support technique
    Editeur du logiciel Proposer la solution logicielle, configurer et déployer le logiciel, former les utilisateurs et accompagner sur le long terme
    Utilisateur référent Traduire les besoins opérationnels du terrain, tester le logiciel, remonter les ajustements nécessaires et accompagner les collègues à la prise en main

     

    Cartographier ces rôles dès le départ permet d'éviter des doublons ou des oublis fâcheux. C’est aussi le seul moyen de croiser les points de vue pour traduire des besoins en spécifications fonctionnelles claires.

  • 4

    Décrivez les besoins fonctionnels et les hiérarchiser 

    C’est le cœur du document, et du projet : transformer les attentes des utilisateurs en fonctionnalités tangibles. Et chacune d’entre elle doit être décrite de manière claire et avoir un résultat mesurable.

    Cette étape a également pour but de permettre à l’éditeur de comprendre ce que votre équipe attend du futur LIMS.

    Exemple :

    • Réception des échantillons avec génération automatique d’un identifiant unique (code-barres ou QR code)
    • Enregistrement des paramètres associés : client, matrice, date, conditions de conservation
    • Planification automatique des essais selon le type d’échantillon, les délais réglementaires et la charge du personnel
    • Saisie des résultats avec alertes en cas de valeur hors spécifications
    • Calculs automatisés (moyennes, écarts, validité selon référentiels)
    • Édition automatique de rapports avec intégration des résultats, des unités et des commentaires analyste
    • Suivi des habilitations du personnel : qui est autorisé à faire quoi, selon la date et le type d’analyse

    Pour garder une vision claire et réaliste, appuyez-vous sur la méthode MoSCoW, simple mais redoutablement efficace :

    • Must have : les points indispensables
    • Should have : les points importants mais contournables
    • Could have : les points bonus
    • Won’t have : les points hors périmètre
  • 5

    Ajoutez les exigences techniques du laboratoire

    Vous avez le logiciel de labo dont tout le monde rêve mais… il est inutilisable dans votre environnement et ne respecte pas vos contraintes matérielles ou informatiques.

    Les exigences techniques permettent de cadrer :

    • La compatibilité avec votre infrastructure existante
    • Les normes de sécurité informatique ou physique à respecter
    • Les limites matérielles ou environnementales du laboratoire
    • Les spécificités réglementaires en matière de traçabilité, d’audit, etc.

    Quels types d’exigences faut-il intégrer ?

    1. Les exigences informatiques et logicielles

    • Type d’hébergement attendu :
      • Installation sur serveur interne (on-premise)
      • Hébergement cloud autorisé ou interdit (ex : RGPD, données sensibles)
      • Mode SaaS (Software as a service, solution hébergée et maintenue par l’éditeur, accessible via navigateur et idéale pour les laboratoires qui souhaitent limiter la gestion technique)

    • Compatibilité avec les systèmes existants :
      • ERP (SAP, Sage, etc.)
      • Base de données interne
      • Autres logiciels déjà en place

    • Sécurité :
      • Accès via HTTPS
      • Authentification via LDAP / Active Directory
      • Niveau de chiffrement attendu

    • Infrastructure réseau :
      • Sites isolés sans accès Internet ?
      • Accès à distance sécurisé nécessaire ?
      • Besoin d’un VPN ?

    Si votre service informatique est géré en externe, impliquez la DSI dès la rédaction de cette section.

     

    2. Exigences matérielles et équipements

    • Configuration minimale requise pour installer le logiciel (PC, serveur, OS, RAM, stockage, etc.)
    • Connexion à des instruments du laboratoire (spectro, HPLC, automate, etc.)
    • Interface avec imprimantes, lecteurs code-barres, balances, etc.
    • Robustesse ou résistance aux conditions de labo (poussière, humidité, chaleur, etc.)
  • 6

    Intégrer les exigences qualité et réglementaires du laboratoire

    Si le labo est accrédité ou certifié, vous devez faire figurer les référentiels à respecter.

    À inclure par exemple :

    • Conservation des enregistrements selon ISO 17025 §7.11
    • Signatures électroniques conformes à la FDA Part 11
    • Validation logicielle selon GAMP 5
    • Gestion des habilitations et droits d’accès (indispensable pour la traçabilité et la sécurité)

    Ces exigences doivent être connues du concepteur dès le départ. Si le système ou l’équipement ne permet pas de garantir la conformité réglementaire, vous risquez un refus d’accréditation ou un écart majeur en audit. Vous fragilisez également la traçabilité de vos analyses, donc la fiabilité de vos résultats.

  • 7

    Planifier le projet LIMS dans le temps

    Une planification simple et réaliste évite les glissements de planning. De quoi mieux anticiper, mobiliser les bonnes ressources au bon moment et garder un œil attentif sur chaque étape du chantier.

    Voici un calendrier type :

    1. Rédaction du cahier des charges
    2. Appel d’offres et sélection
    3. Déploiement technique
    4. Formation des utilisateurs
    5. Recette / mise en production

    Vous pouvez indiquer des jalons clés avec des dates cibles, même approximatives.

  • 8

    Estimer le budget et définir les critères de choix

    Penser budget, c’est penser retour sur investissement. Nul besoin de prévoir au centime près, mais donnez un ordre de grandeur.

    Exemple : “Budget estimé entre 50 000 € et 80 000 € tout compris.”

    Ajoutez le poids attribué à chaque critère dans une grille d’évaluation des offres, par exemple :

    • Prix : 40 %
    • Fonctionnalités : 30 %
    • Technique (sécurité, compatibilité) : 20 %
    • Accompagnement / formation / support : 10 %

    Autrement dit, ils indiquent l’importance relative de chaque aspect au moment de comparer les propositions des prestataires.

    Au-delà du coût d’acquisition, le LIMS doit être envisagé comme un investissement stratégique : réduction des temps de saisie, diminution des erreurs, automatisation des rapports, meilleure traçabilité, conformité facilitée, etc.

    Tous ces gains de temps et de qualité se traduisent à terme par un ROI mesurable, que ce soit en productivité, en réduction des coûts d’audit ou en sécurité des données.

    Intégrer une estimation du ROI dans votre cahier des charges permet d’objectiver la valeur du projet et de convaincre la direction d’investir durablement.

     

  • 9

    Lister les livrables attendus

    Pensez à ce que vous attendez concrètement à la fin du projet : documentation explicative, formations, preuves de conformité indispensables pour vos audits, etc.

     

  • 10

    Joindre les annexes du laboratoire

    Dernière étape, mais toujours utile. Ce point concerne tout ce qui peut éclairer la société éditrice :

    • Organigramme du laboratoire
    • Processus actuels
    • Matrice d’habilitation
    • Procédures existantes
    • Etc.

    Mieux vaut trop que pas assez. Un prestataire bien informé est un prestataire plus efficace.

Découvrez les 8 étapes clés pour une implémentation réussie du LIMS dans le replay de notre webinaire.
Visionnez le replay gratuitement

Et après ? Comment votre cahier des charges est utilisé par les éditeurs LIMS

A la réception de votre cahier des charges, celui-ci est évalué par le département commercial des éditeurs. Elles apportent des réponses aux questions soulevées et valident la conformité des besoins avec les fonctionnalités intégrées dans leur propre progiciel.

L'analyse des experts permet aussi de détecter :

  • S’il y a des adaptations spécifiques à réaliser,
  • Les interfaces et passerelles à mettre en place avec d’autres outils utilisés dans votre entreprise.

Cela permet de rédiger un devis entièrement adapté à vos exigences. Vous êtes ainsi assuré(e) que la proposition commerciale répond bien à l’intégralité de vos besoins et contraintes décrits dans le cahier des charges LIMS.

Conclusion

Un bon cahier des charges ne doit pas être un roman, mais un document structuré, précis et lisible par tous les acteurs du processus, techniques comme métiers. Il ne garantit pas à lui seul le succès du projet, mais sans lui, les chances de succès chutent fortement.

Finalement, un projet de digitalisation ne s’achève pas le jour de sa mise en service. Sa réussite repose aussi sur ce qui vient après : l’assistance, la maintenance et l’évolution continue du système.

Prévoyez dès le cahier des charges les modalités de support et les engagements du prestataire : délai de réponse, suivi des mises à jour, accompagnement fonctionnel, etc.
C’est cette vision long terme qui transforme un déploiement technique en véritable outil durable de performance