L’année 2024 a été une période charnière pour le secteur de la maintenance. Entre l'accélération de la transformation numérique, les défis liés à la cybersécurité, et la pression croissante pour adopter des pratiques durables, les professionnels de la maintenance ont dû s'adapter à une réalité en constante évolution.
Alors que nous nous préparons à entrer dans 2025, il est essentiel de faire le point sur les leçons apprises et de se projeter vers les défis qui attendent les équipes de maintenance. Quels ont été les faits marquants de l'année écoulée, et quelles seront les grandes tendances à anticiper pour les mois à venir ?
Bilan de 2024 : Quels ont été les défis marquants pour le secteur de la maintenance cette année ?
Transformation numérique et adoption des technologies émergentes
Le virage vers l’Industrie 4.0 redéfinit progressivement les pratiques industrielles, plaçant l’innovation au cœur de la gestion de la maintenance. Les technologies émergentes ouvrent des perspectives pour optimiser les processus, anticiper les pannes et maximiser la performance des équipements.
Maintenance prédictive et Internet des objets (IoT) : Grâce à des capteurs intelligents et connectés, les équipements sont désormais surveillés en temps réel. Cette technologie permet de détecter les anomalies avant qu’elles ne deviennent critiques, transformant la maintenance en une discipline proactive et stratégique. (source)
Intelligence artificielle (IA) et analyse des données : En exploitant des volumes massifs de données issues des équipements, l’IA affine les prédictions de défaillances et propose des stratégies de maintenance adaptées. Le résultat ? Une précision inédite et des gains de temps et de coûts significatifs. (source)
Réalité augmentée (RA) et réalité virtuelle (RV) : Ces outils immersifs bouleversent la formation et l’intervention sur site. Les techniciens peuvent s’exercer dans des environnements virtuels ou recevoir une assistance à distance en temps réel, réduisant ainsi les temps d’arrêt tout en augmentant leur efficacité opérationnelle. (source)
Ces innovations redéfinissent la façon dont les entreprises abordent la maintenance, en alignant performances opérationnelles et maîtrise des coûts. L’avenir est connecté, intelligent et immersif.
Toutefois, leur adoption reste majoritairement limitée aux grandes entreprises, tandis que de nombreuses organisations manifestent encore des réticences, notamment en raison des coûts, de la complexité technologique ou du manque de compétences adaptées. Si l’avenir semble se diriger vers des solutions connectées et intelligentes, leur adoption généralisée reste conditionnée, entre autres, par une meilleure accessibilité financière, une simplification des outils et une montée en compétences des équipes.
Pénurie de main-d'œuvre qualifiée
Un défi central pour l’industrie en 2024, et sans doute pour les années à venir, réside dans une problématique aussi urgente que complexe : la pénurie de talents.
Les compétences techniques, en particulier celles liées à la gestion et à l’intégration des nouvelles technologies, sont devenues le cœur névralgique des activités industrielles, le marché du travail peine à répondre à la demande.
Face à cette réalité, les entreprises se voient contraintes de revoir en profondeur leurs stratégies. La formation interne, souvent perçue comme une solution temporaire, s’impose désormais comme un levier indispensable mais exigeant. Pourtant, cet effort s’avère particulièrement ardu pour les petites et moyennes entreprises (PME), qui disposent généralement de ressources plus limitées, tant humaines que financières, pour mener à bien cette transformation.
Au-delà de la formation, cette pénurie met également en lumière un autre enjeu fondamental : la nécessité de repenser l’attractivité du secteur industriel. Les entreprises doivent innover non seulement dans leurs produits et processus, mais également dans leur manière d’attirer et de fidéliser les talents. Il s’agit de créer un environnement où les perspectives d’évolution, l’accès à des technologies de pointe, et des valeurs humaines fortes deviennent des piliers de la proposition employeur.
Plus que jamais, l’avenir de l’industrie repose sur sa capacité à inspirer une nouvelle génération de talents et à accompagner leur montée en compétence dans un monde en constante évolution.
Ce défi est immense, mais il est aussi une opportunité : celle de transformer un secteur clé pour en faire le modèle d’un futur où technologie et capital humain avancent main dans la main.
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Transition écologique et industrie verte
L’année 2024 marque un changement d’ère pour l’industrie, où réglementation et innovation se rejoignent pour créer un avenir plus durable. Sous l’impulsion des nouvelles normes environnementales, les entreprises réinventent leurs processus pour conjuguer performance économique et responsabilité écologique.
L’adoption de technologies vertes, comme la maintenance proactive et le recyclage des pièces usagées, n’est plus seulement une réponse aux attentes sociétales : elle ouvre la voie, on l'espère, à des opérations plus efficaces, durables et résilientes.
Les critères ESG, un moteur de progrès stratégique
L’introduction de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) en janvier 2024 renforce cet élan en plaçant la performance environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) au cœur des priorités des entreprises. Cette nouvelle obligation, bien que rigoureuse, encourage les organisations à adopter des pratiques plus transparentes et à valoriser leur engagement durable.
Grâce au principe de double matérialité, chaque rapport ESG permet de mieux comprendre l’impact réciproque entre l’entreprise et son environnement. Validés par des organismes tiers, ces rapports ne sont pas de simples contraintes administratives : ils deviennent des outils stratégiques pour améliorer la confiance des parties prenantes et renforcer l’image de marque.
Une adoption progressive et inclusive
La directive prévoit une extension progressive de son application pour inclure un éventail plus large d’entreprises :
- 2025 : entreprises de plus de 500 salariés ou générant un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros.
- 2026 : entreprises de plus de 250 salariés.
- 2027 : PME cotées en bourse, avec une exemption pour les micro-entreprises.
Cette approche graduelle permet à chaque acteur de s’adapter à son rythme, en intégrant les critères ESG dans une démarche structurée et adaptée à ses moyens.
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Se préparer à 2025 : votre plan d'action pour une année décisive
L’année 2025 s’impose comme une étape critique pour la maintenance, non pas en raison d’une rupture soudaine, mais parce qu’elle représente le point de convergence entre plusieurs dynamiques profondes qui redéfinissent les priorités stratégiques des entreprises.
1. Redéfinir la transformation numérique comme une stratégie intégrée
La transformation numérique ne peut plus être une simple évolution technologique. Pour 2025, il s’agit de l’intégrer au cœur de la stratégie globale de l’entreprise. Cela implique :
- Aligner les technologies avec les priorités opérationnelles et financières. Chaque investissement numérique doit s’accompagner d’une analyse rigoureuse de son retour sur investissement (ROI), mais aussi de son impact sur les processus critiques.
- Créer une architecture numérique résiliente. L’intégration de systèmes ou des solutions d’intelligence artificielle (IA) doit s’accompagner d’une réflexion sur l’interopérabilité des outils, la cybersécurité et la gestion des données.
- Former le top management à la culture numérique. La technologie ne doit pas être un sujet réservé aux équipes techniques. Les dirigeants eux-mêmes doivent comprendre les opportunités qu’elle offre et les risques qu’elle présente pour prendre des décisions éclairées.
2. Réinventer le modèle de gestion des talents dans un contexte de rareté
La pénurie de talents qualifiés est bien plus qu’un défi opérationnel : c’est une menace stratégique. Pour y faire face, les dirigeants doivent adopter une approche audacieuse et systémique :
- Attirer les talents par une proposition de valeur employeur forte. Cela passe par un positionnement clair : l’entreprise doit être perçue comme un acteur innovant, engagé et humainement attractif. Les valeurs d’impact social et environnemental deviennent des atouts différenciateurs.
- Structurer une montée en compétences proactive. L’externalisation de la formation via des partenaires techniques ou des écoles spécialisées est une solution à envisager. En parallèle, des programmes de mentoring interne permettent de transmettre le savoir-faire tout en renforçant la fidélité des collaborateurs.
- Automatiser les tâches répétitives pour valoriser les compétences humaines. En 2025, les technologies doivent libérer les équipes des tâches à faible valeur ajoutée afin qu’elles se concentrent sur des missions stratégiques, comme l’analyse des données ou la prise de décision.
Les entreprises qui réussiront ne seront pas forcément celles qui attirent le plus de talents, mais celles qui sauront maximiser le potentiel de chaque collaborateur.
3. Faire des critères ESG un levier de transformation
Pour 2025, les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) deviennent incontournables pour bâtir des modèles durables et alignés avec les attentes sociétales. Cela exige une approche structurelle, où chaque décision intègre une réflexion sur son impact à long terme. L’idée n’est pas seulement de répondre aux obligations légales ou de publier des rapports, mais de revoir les processus de manière systématique.
Par exemple, il est crucial de privilégier des approches circulaires dans la gestion des équipements, en valorisant le recyclage et en limitant le gaspillage. La transparence doit également devenir un pilier central : un suivi rigoureux des données ESG permet d’évaluer l’efficacité des actions menées et de réajuster les efforts en conséquence. Enfin, l’engagement de toutes les parties prenantes est essentiel. Ce n’est qu’en impliquant l’ensemble des collaborateurs et des partenaires que l’on pourra inscrire ces valeurs dans le quotidien des activités industrielles.
4. L’art d’anticiper dans un monde incertain
Le futur ne se construira pas sur des certitudes, mais sur la capacité à anticiper l’inattendu. Cela implique de passer d’une posture réactive à une vigilance proactive. La clé ? Développer une véritable culture de la prospective au sein de l’entreprise.
Il est essentiel de surveiller les évolutions du marché et de rester attentif aux signaux faibles, qu’ils concernent les innovations technologiques ou les bouleversements économiques. Cette veille stratégique doit s’accompagner de simulations régulières pour tester la robustesse des modèles actuels face à divers scénarios : pénuries d’approvisionnement, fluctuations énergétiques ou changements réglementaires.
Enfin, l’expérimentation doit être encouragée à tous les niveaux. En investissant dans des projets pilotes, les entreprises peuvent tester de nouvelles idées à moindre risque tout en restant prêtes à adapter rapidement leur stratégie.
Face à l’incertitude, l’anticipation n’est pas seulement une compétence, mais une nécessité stratégique pour transformer les imprévus en opportunités.
Anticiper les défis de 2025
En somme, l’année 2025 sera une période de transformation continue pour les professionnels de la maintenance. Les tendances observées en 2024, telles que la digitalisation, l'adoption de l'IA, et la montée des exigences en matière de cybersécurité et de durabilité, ne feront que s'accentuer. Pour faire face à ces défis, il sera essentiel d’adopter une approche proactive, en investissant dans des solutions technologiques innovantes tout en renforçant les compétences des équipes. Plus que jamais, la flexibilité et la résilience seront les maîtres mots pour naviguer dans ce paysage en pleine mutation.